Les Femmes de l’Inde rurale sont laissées pour compte

8 mars 2023, La Journée Internationale de la Femme, une occasion de réfléchir à l'avenir digitale de la femme en Inde

À l’heure où l’ONU a fait de DigitAll (Pour un monde digital inclusif) le thème de la Journée internationale de la femme 2023, il serait peut-être judicieux de réfléchir aux possibilités de cette imitation.

Dans l’ensemble, la digitalisation a eu un impact positif sur les femmes indiennes en augmentant l’accès à l’éducation, les opportunités d’emploi, l’inclusion financière et l’autonomisation. Cependant, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour combler la brèche digitale et faire en sorte que les femmes aient un accès égal aux ressources et aux opportunités digitales.

Les données de l’enquête nationale sur la santé des familles (National Family Health Survey-5), qui, pour la première fois, a comparé l’utilisation de l’internet par les hommes et les femmes, ont révélé que seulement 33 % des femmes indiennes et 57 % des hommes indiens ont déjà utilisé l’internet. En outre, seulement 8,4 % des femmes indiennes sont en ligne, contre 11,6 % des hommes indiens, soit 27 % de moins que pour les hommes.

Bien que l’accès aux ordinateurs et à l’internet soit plus facile dans les zones urbaines, la brèche digitale est plus importante dans les zones rurales, où seulement 25% des femmes utilisent l’internet contre 49% des hommes.

Le Gujarat, l’Andhra Pradesh, le Bihar, le Tripura et le Telangana sont les États où les femmes urbaines utilisent le moins l’internet. Les trois seuls États indiens où les femmes rurales utilisaient l’internet plus de 50% du temps étaient Goa, Kerala et Sikkim.

Selon les chercheurs, l’écart entre les sexes en Inde rurale est dû à trois choses. Le premier est le fossé numérique entre les zones rurales et les zones urbaines, qui se traduit par le fait que moins de femmes possèdent des téléphones intelligents dans les zones rurales en raison de la plus faible pénétration de l’internet dans ces zones.

Le deuxième problème qui empêche l’égalité d’accès à la technologie numérique est le fossé digital basé sur le revenu entre les ménages. Par exemple, chaque Go de données coûte aux ménages à faible revenu du pays – ceux qui gagnent moins de 2 dollars par jour – 3 % de leur revenu mensuel, contre 0,2 % pour les ménages moyens – ceux qui gagnent entre 10 et 20 dollars par jour.

Enfin, l’inégalité entre les sexes est aggravée par les normes sociétales régressives et la discrimination au niveau familial qui empêchent les femmes d’avoir un accès égal à la technologie et aux gadgets digitaux.

En témoigne le fait que certaines zones rurales ont interdit l’utilisation de smartphones par les femmes, tandis que d’autres ont interdit l’accès à l’internet, considéré comme une influence corruptrice.

La réponse en 2023 réside dans le développement d’un modèle technologique rationalisé et accessible à tous, ainsi que dans la formation d’un plus grand nombre de femmes afin qu’elles acquièrent des compétences digitales. Pour utiliser la technologie comme un outil d’autonomisation, il faut mettre en place des réglementations qui remettent en question les normes socioculturelles établies, ainsi que des ressources pour la formation continue afin que les femmes puissent mieux gérer. Enfin, les mesures politiques visant l’autonomisation des femmes et celles visant l’innovation technologique doivent étendre leur portée de manière plus organisée. À l’heure actuelle, la politique liée à la digitalisation est plutôt fragmentée et restrictive sur le plan géographique. Pour être efficaces, il est important que les interventions politiques soient liées à d’autres aspects tels que l’inclusion financière, le bien-être et la protection sociale.

Anjana Basu
Conservatrice de la Saroj Nalini Dutt Memorial Association (longue date Associée de l’AIF)

Commons Photo Credit: Source

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